5

 

La voie romaine qui menait à Venta Belgarum était en assez bon état. Elle filait d’abord vers l’ouest, parallèlement à la côte, à travers des marais et de grandes étendues d’herbes hautes que le vent ployait doucement. Dans ce paysage plat, le ciel semblait immense, d’une clarté aveuglante et d’un bleu affadi par une pellicule de nuages blancs. Azilis et Kian chevauchaient à un rythme soutenu, sans s’accorder de pauses.

Rencontrer Ambrosius le lendemain si possible. Lui donner Kaledvour. Et après ?

C’était à cet « après » qu’elle songeait en chevauchant. À ce qu’elle deviendrait une fois sa tâche accomplie, dans ce pays étranger où elle n’était pas sûre de retrouver son frère aîné. D’ailleurs, s’il vivait encore, comment Caius réagirait-il une fois passée la joie des retrouvailles ? Sa présence l’encombrerait-il ? L’aiderait-il à trouver un lieu où vivre et pratiquer la médecine comme elle le souhaitait ? Et Kian ? Resterait-il à ses côtés ?

Elle ne perçut pas tout de suite les marques de fatigue dont Luna faisait preuve. Ce fut seulement quand sa jument se mit à boiter et à encenser qu’elle s’arrêta et descendit, hélant Kian qui la rejoignit au petit trot. Elle examina le genou postérieur gauche de l’animal.

— Elle est blessée.

Il sauta à terre, flatta l’encolure de Luna en lui parlant à l’oreille. Il s’accroupit ensuite et examina à son tour le genou qui saignait.

— Je ne sais pas comment elle a pu se faire ça, s’étonna Azilis. Je n’ai rien remarqué ce matin.

— Non, ce matin elle allait bien. Peut-être tout à l’heure. Il y avait des ornières. Une pierre projetée ?

Il se releva en caressant Luna qui le poussa doucement du nez. Kian aimait les chevaux et était aimé d’eux. Il savait les dresser sans les brutaliser, comprenait leurs émotions et communiquait plus facilement avec eux qu’avec les humains.

— On ne peut pas continuer au galop, dit-il. Et il vaut mieux cesser de la monter. On va lui bander le genou et continuer au pas. Ce n’est pas grave mais elle a besoin d’un rythme tranquille.

Azilis aida Kian à s’occuper du genou blessé. Elle qui excellait à soigner les hommes lui abandonna très vite sa jument, admirant la précision de ses gestes. Il attacha ensuite sa bride à la selle de son cheval.

— Je vais marcher, dit-il. Prends Orion.

— Pas question ! Si nous allons au pas, il peut nous porter tous les deux. Tu marcheras – ou moi – s’il fatigue. Le principal, c’est de faire le maximum de route même si nous n’atteindrons pas Venta ce soir.

Il monta le premier et elle s’installa devant lui. Au bout de quelques minutes, elle cala son dos contre sa poitrine. Le pas tranquille du cheval la berçait. Ses paupières se fermèrent. Elle ne lutta plus contre la torpeur qui l’envahissait et s’endormit.

 

* * *

 

— Il y a sûrement un village où passer la nuit !

Azilis regardait le ciel s’assombrir. Ils n’avaient rencontré aucune habitation humaine depuis des heures et la dernière borne milliaire indiquait qu’il restait encore vingt milles avant Venta. Ils marchaient maintenant à côté des chevaux, soucieux de soulager Orion qui les avait longtemps portés. La route remontait vers le nord. Au loin, ils distinguaient la lisière d’une forêt. Quand ils en atteignirent l’orée, la pénombre s’accrut et avec elle l’inquiétude d’Azilis. Les premiers oiseaux de nuit se faisaient entendre ainsi que des cris de puants et de rongeurs.

L’instinct ordonnait à la jeune fille de trouver un lieu où se cacher. Sans doute était-ce ce qui la poussait à fouiller des yeux sans relâche les abords de la route. Elle découvrit une voie perpendiculaire qui s’ouvrait sur la droite, ainsi qu’un mur circulaire de pierres à demi étouffé par la végétation.

— Kian ! Regarde ! C’est un mausolée. Il y a une villa au bout de ce chemin.

— Plutôt « il y avait ».

— Il doit bien rester de quoi s’abriter.

— Allons voir. Autant nous installer là qu’au bord du chemin.

Ils progressèrent avec difficulté sur le sentier obstrué de ronces et d’arbustes, pour déboucher enfin sur un mur d’enceinte. Son portail gisait à terre, plus qu’à moitié détruit. Au-delà s’étendait une clairière immense. Venait ensuite un verger où mûrissaient des milliers de pommes que personne ne cueillerait. Puis, des ruines.

La propriété avait été de bonne taille. Des bâtiments de la pars agricola, il ne restait presque rien. Quelques pans de murs noircis, une mangeoire, un puits. La villa avait brûlé. Ils franchirent l’enceinte qui séparait la pars agricola de la maison de maître. Là aussi l’incendie avait fait des ravages. Certains toits étaient calcinés, la pluie avait abîmé les peintures, pourri le bois des poutres. Mais les colonnades de la cour paraissaient intactes. Ils pénétrèrent dans le vestibule à pas lents, tirant derrière eux les chevaux dont les sabots résonnaient sur le sol de marbre.

Azilis sursauta lorsqu’une effraie, poussant son cri lugubre, s’enfuit d’une niche du mur. Elle vit alors que Kian tenait Kaledvour à la main, prêt à frapper.

Étrangement les portes étaient entières, ouvertes sur une cour envahie d’herbes hautes, de fougères, et encore entourée de son péristyle. Au centre une statue de Diane chasseresse se dressait, solitaire, le corps emprisonné de lierre et couvert d’excréments d’oiseaux. Azilis se figea à cette vue. Une mélancolie immense se dégageait de ces ruines mais cette statue la frappa plus que tout le reste. Cette œuvre d’art que personne n’admirait plus, que la nature insultait, c’était sa civilisation qui disparaissait. Elle ne pouvait en détacher le regard.

La main de Kian se posa sur son épaule.

— Azilis ?

— Cette Diane… La nôtre est presque semblable. Crois-tu qu’un jour elle finira ainsi ?

— La nuit tombe. La pièce à gauche a encore un toit. On peut y dormir. Je m’occupe des chevaux.

Elle demeura immobile, puis murmura enfin :

— Je vais t’aider.

Ils pansèrent leurs montures. Kian les entrava et les laissa brouter l’herbe de la cour. Azilis entra dans ce qui avait été une salle à manger. Le froid et l’humidité avaient obscurci les murs. Le sol de mosaïque était en partie recouvert de mousse et de poussière sous lesquelles apparaissaient des visages fantomatiques. Leurs yeux grands ouverts dévisageaient les visiteurs d’un air implorant. Azilis inspecta le sol avec sa torche : quatre personnages dont on voyait essentiellement le buste occupaient chacun un cadre octogonal entouré de bandeaux torsadés. Le moins abîmé se serrait dans un cucullus[53] et tenait à la main un rameau dénudé. La bouche aux coins tournés vers le bas exprimait une tristesse infinie. Azilis les contempla, pensive.

— Les quatre saisons, dit-elle. Celui-ci, c’est l’hiver. Tu ne trouves pas étonnant que le seul qu’on reconnaisse encore soit justement celui-ci ?

— Non.

Kian examinait la corde de son arc, vérifiant sa tension. Elle insista :

— L’hiver, Kian ! La mort. La fin.

Il banda l’arc deux ou trois fois, parut satisfait du résultat car il le déposa près du carquois. En un instant, Azilis passa de l’exaspération au désespoir. Il était trop inculte pour comprendre. Elle se sentait aussi seule, aussi perdue que le personnage de cette mosaïque. Kian l’observait avec un mince sourire.

— Viens t’asseoir, ordonna-t-il. Ce serait idiot de désespérer parce que cette mosaïque ne représente pas le printemps.

Elle eut honte de s’être laissée happer par la tristesse des lieux. Et honte également d’avoir méprisé Kian une fois de plus.

La nuit tomba, enveloppant de ténèbres les entrelacs des mosaïques et les voyageurs. Ils partagèrent du pain, du fromage et des pommes. Kian avait refusé d’allumer un feu par peur d’éventuels brigands, mais il enflamma deux torches qu’il plaça dans des vasques de terre de chaque côté de la porte. Dans cette semi-obscurité, les flammes projetaient des ombres capricieuses sur la peinture rouge et noircie des murs, illuminaient un pan de mosaïque ébréché, révélaient un dessin floral presque effacé. À l’extérieur, les bruits de la nuit s’amplifiaient, et un vent brusque se leva.

— Je vais monter la garde, dit Kian à mi-voix. Je te réveillerai avant l’aube. Je dormirai quelques heures à ce moment-là.

Azilis, serrée dans sa couverture, se demandait ce qu’il était advenu des derniers occupants de cette maison. L’avaient-ils abandonnée quand les légions romaines avaient rejoint le continent ? Avaient-ils connu un sort funeste, un pillage barbare ? Et, si c’était le cas, leurs âmes avaient-elles trouvé la paix ou erraient-elles encore sur les lieux de leur mort ? Incapable de s’endormir, Azilis observait Kian assis en tailleur. Il avait posé Kaledvour à plat sur ses genoux. Elle vint s’asseoir près de lui.

— Je n’arrive pas à dormir.

— Inquiète ?

— Nerveuse.

Elle ajouta après un instant de silence :

— Je sais si peu de choses sur toi, sur ton passé… Est-ce que Lucius Arvatenus t’avait acheté ou est-ce que tu es né sur ses terres ?

Il la regarda sans répondre.

— Tu n’as pas envie d’en parler ?

Il haussa les épaules d’un air indifférent.

— Je suis né sur ses terres. Ma mère travaillait aux cuisines de la ferme.

— Et ton père ?

— Va savoir ! Ma mère prétendait que c’était un des gardes de la villa. Un Germain. Il paraît que je lui ressemble. Je me souviens peu de lui. Il est mort quand j’avais six ans.

— De quoi est-il mort ?

— Un combat qui a mal tourné. Contre des pillards.

— Et ta mère, comment était-elle ?

— C’était… une fille de ferme, voilà tout. Que veux-tu que je t’en dise ?

— Je ne sais pas, moi ! Est-ce que vous étiez proches ? Est-ce que vous vous entendiez bien ?

Kian éclata d’un rire bref.

— On m’a envoyé aux champs dès que j’ai été capable de tenir une serpe. J’y travaillais de l’aube au crépuscule. En hiver il fallait s’occuper des bêtes ou réparer ce qui devait l’être. Ma mère passait ses journées devant l’âtre. On n’avait pas le temps de savoir si on s’entendait ou non. Elle est morte bien avant que ton père ne m’achète. Les esclaves de la famille Arvatenus ne vivent pas vieux.

Elle songea à sa propre enfance choyée, aux jeux, aux lectures, aux leçons de harpe.

— J’oublie si facilement que tu n’as pas eu ma chance, Kian. Pardonne-moi de te poser ces questions stupides.

— Je suis chanceux puisque je suis ici au lieu d’être affamé, battu et abruti de travail.

Une des torches crépita, projetant des étincelles dans la pénombre. Elle savait que le sommeil qui la fuyait se serait emparé d’elle sans effort si elle avait pu se blottir dans le cou de Kian. Mais elle n’osait pas.

— Prends-moi contre toi, souffla-t-elle enfin. J’ai froid.

Il lui lança un regard en biais, toujours immobile.

— Je t’ai tenue dans mes bras tout l’après-midi.

— Et alors ?

— Tu ne comprends pas ce que ça me fait ?

Elle resta sans voix. Une fois encore, elle n’avait songé qu’à elle. Si elle ne prenait pas l’initiative, jamais Kian ne ferait un geste vers elle. Son passé, sa fierté, le lui interdisaient. C’était à elle, toujours à elle, d’ouvrir les brèches, de lui montrer qu’elle acceptait son amour et était prête à y répondre. Elle s’approcha, écarta Kaledvour, prit son visage entre ses mains et posa ses lèvres sur sa bouche.

— Prends-moi contre toi, Kian, murmura-t-elle. S’il te plaît. Prends-moi contre toi et aime-moi.

L'épée de la liberté
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